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passage de nuage

23 juillet 2006

L'encouragement des anges

c'était l'extase, le chant des corps
les peaux qui se froissent l'une contre l'autre
les mains connaissent les moindres recoins
une se pose et c'est l'illumination
a chaque passage, la naissance d'étincelles
les membres s'emboîtent avec aisance et sans temps morts
la parole n'existe plus, remplaçée par un langage dermique
les cheveux caressent les cous
les langues s'entremêlent et se défont
seins contre bouche
mains contre sexes
tous les musclent bandent
et battent la rythmique du féminin-masculin
était-ce la nuit, était-ce le jour?
les coeurs cymballent au rythme du désir, amour et pas toujours
il n'était plus question de bonheur mais d'ardeur
et enfin une infinie douceur nous envahissait
les corps se détendaient ultimement
harmonie totale, encouragement des anges
quelques mots avant de ne plus pouvoir
et l'envahissement du sang et des nerfs
le pic du plaisir, un instant suspendu en l'air
filet continu qui passe d'un corps à l'autre
soudés pour mieux se recevoir
et doucement vient le détachement
les veines qui rétrécissent et la séparation inévitable
dont il ne restera que le souvenir de l'accord parfait,
qui deviendra récit à l'imparfait...

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23 juillet 2006

Rue de l'Orme Macaire

Du temps ou il faisait beau l'été
on prenait les vélos pour aller au cimetière
les rayons du soleil passaient entre les feuilles vert foncé
de l'abricotier
et venaient s'éclater en tâches de lumières
sur le ciment de la petite allée.
ça sentait bon le gazon chaud
les pensées et les oeillets d'Inde faisaient une haie d'honneur
ravissaient les regards et flattaient l'odorat des visiteurs.

ç'était le temps charmant
ou, en attendant
que d'éventuels invités
ne viennent dîner
au soir tombant
j'allais m'asseoir au milieu des petites plantations
dos appuyé au grillage
entre terre et nuage.

je mangeais les fraises sauvages
ou croquais la ciboulette
le regard rêveur entre deux couettes
je croquais l'oseille dont le gôut acide
mêlé de fraîcheur
me faisait venir la salive.

Ils arrivaient enfin
les autres et les uns
sans crier gare, sans s'annoncer
toujours bienvenus, immédiatement installés
on mettait la table dehors
"ajoute une assiette" sur la vieille toile cirée
le bruit des fourchettes, les verres entrechoqués
l'odeur de la chaleur qui retombe
laissant avant la naissance de l'ombre
s'installer une douce soirée.

La table rangée, les femmes parlent en faisant la vaisselle
j'évolue au milieu des géants
toute entourée
l'existence est simple et belle.

Les géraniums rouge-orangés,
ses préférés,
exhalent un parfum construit dans la journée
l'odeur de la terre remonte,
les poules sont couchées,
les lapins ont un bref sursaut
ma tortue s'est cachée.

Demain viendra avec la même sérénité
ce sera l'heure de chercher
les oeufs de Pâques cachés dans les myosotis en bosquets
elle m'apprendra les glaïeuls et puis, comment bêcher
j'aurais le droit d'arroser
pour les légumes, j'attendrais
d'être plus expérimentée
en la suivant j'apprendrais
pour ne plus me tromper.

Demain sera neuf
je la regarderai tricoter
jouant, entourée de mes poupées
je ne saurai pas encore que je la perdrai
à chaque instant elle remplira mon regard
elle est mon terreau pour pousser
mon tuteur pour m'élever.

Chère
très chère
grand-mère
est-ce que ton âme hante encore le jardin
comme lorsque ta voix me revient
ce soir je me coucherai dans mon petit lit à côté du tien
je regarderais les étoiles entre les rideaux mal tirés
je t'entendrais respirer
et je serai bien.

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